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Sil'on en croit Jacques PrĂ©vert, La vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, /Tout doucement, sans faire de bruit. / Et la mer efface sur le sable, / Les pas des amants dĂ©sunis. [in Les feuilles mortes]. Verlaine est tout aussi optimiste. Dans Colloque sentimental, on rencontre deux amoureux de jadis. L'un vit dans la nostalgie et les souvenirs. LCarole Aurouet est universitaire. Elle consacre une large partie de ses rĂ©flexions aux relations entre la littĂ©rature et le cinĂ©ma, et notamment Ă partir de lâĆuvre de Jacques PrĂ©vert. A lâoccasion de du 40Ăšme anniversaire de sa disparition, cet entretien permet de revenir sur la figure singuliĂšre de PrĂ©vert et sur le cheminement de Carole Aurouet. SĂ©bastien Rongier Quelle est lâhistoire de votre rencontre avec PrĂ©vert ? Quelle dĂ©couverte ? LâĂ©cole ? Un texte ? Un livre ? Une rĂ©plique de cinĂ©ma ? Une chanson ? Un passeur ? Un hasard ? Carole Aurouet Câest une rencontre en plusieurs Ă©pisodes, des rĂ©miniscences comme des instantanĂ©s, de plus en plus flous avec le temps⊠Retour en arriĂšre, premiĂšre. Je dois avoir 7 ans. Rien de trĂšs original pour les enfants de ma gĂ©nĂ©ration, jâai rencontrĂ© Jacques PrĂ©vert Ă lâĂ©cole primaire, apprenant ses poĂšmes en classe. Puis, je lâai perdu de vue. Retour en arriĂšre, deuxiĂšme. Je dois avoir 18 ans. Je saisis Paroles dans la bibliothĂšque familiale, lâexemplaire avec en couverture la photographie du graffiti de BrassaĂŻ et les lettres manuscrites, couleur sang, qui gouttent. Du recueil tombe une copie double de petit format, Ă petits carreaux 5x5. Une fois le papier un peu jauni dĂ©pliĂ©, apparaĂźt une Ă©criture enfantine tracĂ©es au crayon de grosses lettres, hĂ©sitantes, tremblotantes mĂȘme, tentent de se poser sur les lignes et interlignes. Pour faire le portrait dâun oiseau » et Le Cancre » sont les deux poĂšmes recopiĂ©s. Une consigne du maĂźtre ? Une initiative personnelle ? Sans doute la seconde hypothĂšse est-elle la plus vraisemblable, puisquâun devoir de ce genre aurait Ă©tĂ© accompli dans un cahier, non sur une feuille volante. Retour en arriĂšre, troisiĂšme. Jâai 22 ans. Je dĂ©bute un Master 1 de Lettres Ă lâuniversitĂ© Paris 3 â Sorbonne nouvelle. Je cherche un sujet qui allie mes deux passions en lâoccurrence la littĂ©rature et le cinĂ©ma. Jacques PrĂ©vert mâapparaĂźt alors comme une Ă©vidence. Il est poĂšte. Il est scĂ©nariste. Et je me sens une communautĂ© de cĆur avec lui. TrĂšs vite, je cerne une erreur dâapprĂ©ciation le concernant, puis je dĂ©couvre le cimetiĂšre de projets avortĂ©s qui constitue aussi sa filmographie. Je commence par me focaliser sur un film Ă©crit par PrĂ©vert et son ami Pierre Laroche, rĂ©alisĂ© par Edmond T. GrĂ©ville Une femme dans la nuit. ConsidĂ©rĂ© comme perdu, aucune copie nâen subsistait disait-on, ce film attisait la curiositĂ© dâun grand nombre de cinĂ©philes. GrĂące aux tĂ©moignages recueillis et Ă la presse de 1941, 1942 et 1943, jâai pu effectuer une reconstitution de lâhistoire de et autour de ce film. Et Ă force de persĂ©vĂ©rance, jâen ai retrouvĂ© une copie⊠à Moscou ! Jâai alors dĂ©cidĂ© de poursuivre mes recherches sur ce que jâai nommĂ© les scĂ©narios dĂ©tournĂ©s » de Jacques PrĂ©vert, câest-Ă -dire des scĂ©narios restĂ©s sur le papier ou modifiĂ©s par dâautres et quâil nâa pas signĂ©s, donnant lieu Ă des films plus ou moins Ă©loignĂ©s de la partition dâorigine. ĂcartĂ©s de leur destinĂ©e premiĂšre, partis dans une autre direction, ces Ă©crits cinĂ©matographiques ont donc Ă©tĂ© abandonnĂ©s ou mutilĂ©s. Les sortir de lâombre en me lançant dans une entreprise de rĂ©habilitation de tout un pan du travail scĂ©naristique de PrĂ©vert, afin de proposer un nouvel Ă©clairage, tel fut mon objectif. Je lâai poursuivi en Master 2 et en ThĂšse de doctorat. Devenue universitaire, jâai ensuite consacrĂ© une quinzaine dâouvrages, une quarantaine dâarticles et une soixantaine de confĂ©rences Ă PrĂ©vert, et ainsi partagĂ© mes recherches avec le plus grand nombre. Et Ă mon parcours personnel, il faut ajouter une rencontre dĂ©cisive, un pyrogĂšne prĂ©vertien » devenu un ami trĂšs proche Ă qui je dĂ©die dâailleurs mon essai, PrĂ©vert et le cinĂ©ma Les Nouvelles Ă©ditions Place, 2017 Bernard ChardĂšre. Fondateur des revues Premier Plan et Positif, ainsi que de lâInstitut LumiĂšre, ChardĂšre a bien connu PrĂ©vert, et la bande Ă PrĂ©vert », de Robert Doisneau Ă Maurice Baquet en passant par Pierre PrĂ©vert. Nây a-t-il pas toujours eu un malentendu autour de PrĂ©vert ? Un regard un peu hautain Ă lâĂ©gard de son Ćuvre ? Je pense Ă Paroles par exemple dont vous rappelez dans votre biographie la sortie saluĂ©e par beaucoup mais aussi trĂšs vite les critiques dĂ©nonçant une poĂ©sie populaire » ? Vous avez pleinement raison, le cas de Paroles me semble en effet assez reprĂ©sentatif. PrĂ©vert est un autodidacte ; il a beaucoup engrangĂ© et il a fait ses classes dans la rue, auprĂšs des surrĂ©alistes notamment, avant dâĂ©crire assez tardivement, vers la fin des annĂ©es 1920. PrĂ©vert nâa pas cherchĂ© Ă ĂȘtre publiĂ©. Mais devant lâinsistance de certains, des textes sont parus de maniĂšre Ă©parse dans des revues dans les annĂ©es 1930. Puis, en 1945, PrĂ©vert raconte quâil se promĂšne Ă Saint-Germain-des-PrĂ©s lorsquâil rencontre un ami dĂ©corateur de cinĂ©ma, Robert Clavel. Celui-ci lui dit connaĂźtre quelquâun qui souhaite publier ses poĂšmes. Il laisse alors Ă lâauteur les coordonnĂ©es de lâintĂ©ressĂ© RenĂ© BertelĂ©. Ce dernier a Ă©tĂ© professeur de français dans le sud de la France, et lors dâun sĂ©jour dans le Midi vers 1942, PrĂ©vert a fait briĂšvement sa connaissance dans les milieux de la RĂ©sistance. En 1944, BertelĂ© fonde sa propre maison dâĂ©dition, Le Point du Jour, et câest suite aux conseils du poĂšte Henri Michaux â grand admirateur des Ă©crits de PrĂ©vert â quâil dĂ©cide dâĂ©diter ses poĂšmes. Cette fois, PrĂ©vert accepte. Paroles rencontre un succĂšs fulgurant et inĂ©galĂ©. Les huit premiers jours, 5 000 exemplaires sont vendus. Au bout dâun an, 25000 ont Ă©tĂ© achetĂ©s. Pierre BĂ©arn SortilĂšges, 1953 tĂ©moigne Je peux vous dire que Paroles a battu de loin dans ma petite librairie du Quartier Latin le record de la vente. Jâen ai vendu des mĂštres cube ». Pensez donc, un libraire comptabilisant ses ventes de poĂ©sie en mĂštres cube ! Ă ce jour, Paroles est le recueil français du XXe siĂšcle le plus traduit et vendu dans le monde. PrĂ©vert offre en quelque sorte la poĂ©sie au peuple, crĂ©ant une sorte de lutte des classes culturelle qui nâest Ă©videmment pas du goĂ»t de tous⊠Ces mots de PrĂ©vert qui ne laissent jamais indiffĂ©rent comptent en effet des dĂ©tracteurs, aujourdâhui encore. Sans vouloir accorder plus dâimportance quâil nâen faut Ă ces derniers, voici quelques griefs formulĂ©s, dont je laisse le lecteur juge. Henri-Jacques Dupuy Ce Soir, 1946 affirme que PrĂ©vert ne parvient pas Ă Ă©chapper Ă une sorte dâanarchisme de collĂ©gien, assez peu efficace en dĂ©finitive malgrĂ© ces cinglantes irrĂ©vĂ©rences ». Du cĂŽtĂ© des communistes, Jacques Gaucheron La Nouvelle Critique, mars 1950 parle des faux sentiments dâun anarchiste dĂ©solĂ© » et dâune antithĂšse mĂ©canique ». En 1965, Alain Bousquet Parler qualifie PrĂ©vert de Maurice Chevalier pour midinettes bavardes ». Claude Mauriac parle quant Ă lui de guignol du pavĂ© qui se prend pour Goya ». En 1992, Michel Houellebecq Les Lettres françaises publie Jacques PrĂ©vert est un con », se demandant Pourquoi la poĂ©sie de Jacques PrĂ©vert est-elle si mĂ©diocre, Ă tel point quâon Ă©prouve parfois une sorte de honte Ă la lire ? ». Parce que ce quâil a Ă dire est dâune stupiditĂ© sans bornes ; on en a parfois la nausĂ©e », que sa vision du monde est plate, superficielle et fausse » et que sur le plan philosophique et politique, Jacques PrĂ©vert est avant tout un libertaire ; câest-Ă -dire fondamentalement un imbĂ©cile ». En 2007, le chanteur Jean-Louis Murat Lire tient les propos suivants Jâai toujours aimĂ© Baudelaire. Câest lâapogĂ©e de la langue française, avec Rimbaud, Stendhal et Proust. AprĂšs, on fait face Ă une lente dĂ©crĂ©pitude. La poĂ©sie, câest toujours la lyre avec des mots, et Baudelaire se prĂȘte admirablement à ça â bien plus que cette tragĂ©die de Jacques PrĂ©vert, sans doute le plus mauvais poĂšte français â Souviens-toi, Barbara, quelle horreur ! Et les frĂšres Jacques nâarrangeaient rien... ». Quelques mois plus tard, Murat prĂ©cise LâExpress [Baudelaire est] le dernier poĂšte chantable. MallarmĂ© est inadaptable. Aragon, câest du sous Baudelaire. Je dĂ©teste PrĂ©vert. AprĂšs, câest la dĂ©gĂ©nĂ©rescence, on arrive au nĂ©ant, Ă Grand Corps malade... ». Comme le note avec humour Bernard ChardĂšre dans la prĂ©face quâil mâa fait lâamitiĂ© dâĂ©crire pour PrĂ©vert, portrait dâune vie Ramsay, 2007 Il nây a pas lieu de sâĂ©tonner quâil [PrĂ©vert] nâait jamais fait lâunanimitĂ© chez les critiques quand on se moque des rĂ©ceptions Ă la Nouvelle Oisellerie Française, on ne peut sâattendre aux sourires des plumitifs car il y en a de la NRF ; quand on ne se veut pas commandeur des croyants et il y en a, de tous bords, on ne peut sâattendre Ă leur bĂ©nĂ©diction. Ăditer tant de Cahiers des Amis de Claudel ou de CĂ©line, mais de PrĂ©vert, jamais, relĂšve plus du maintien de lâordre social que de motifs âlittĂ©rairesâ. Pour un âabstracteur de quintessenceâ dĂ»ment diplĂŽmĂ©, PrĂ©vert qui parle, qui recherche un langage commun, ne saurait ĂȘtre sa tasse de thĂ© ou de thĂšse ; lâintellectuel moyen type nâest pas sensible Ă la subtilitĂ© sous la simplicitĂ©, ni au cĂŽtĂ© âGrand RhĂ©toriqueurâ que cache lâĂ©crivain sous son flot de paroles, son flux de mots. Il en reste Ă la lettre, Ă la poĂ©sie pour lâĂ©cole, de mĂȘme quâil peut tenir Rabelais pour un primitif contant des balivernes. Ă dâautres⊠Hors des rangs, Ă la marge, libre-penseur, franc-tireur et partisan, Jacques PrĂ©vert, homme contre, prĂ©fĂšre sortir en griller une ». Pourquoi sa poĂ©sie est-elle lue avec autant de dĂ©fiance ? Ă cause de cette libertĂ© irrĂ©ductible que vous dĂ©crivez au fil de votre portrait de lâartiste ? Et quelle est lâhistoire et lâĂ©tat de la rĂ©ception de PrĂ©vert aprĂšs sa mort ? La question est complexe, et certains Ă©lĂ©ments que nous venons dâĂ©voquer pour le cas de Paroles sâappliquent aussi Ă la totalitĂ© de son Ćuvre. On peut bien entendu en ajouter dâautres, notamment le fait que PrĂ©vert dĂ©veloppe constamment une thĂ©matique libertaire, qui elle non plus nâest pas du goĂ»t de tous. Il est anticlĂ©rical. DĂšs son enfance il nourrit une profonde aversion pour la Bible. Lors des cours de catĂ©chisme, il est surpris du dĂ©calage qui existe entre ce qui est dit dans les textes sacrĂ©s et ce qui se passe dans la rĂ©alitĂ©. Il est mĂȘme choquĂ© par la cruautĂ© et lâautoritĂ© de JĂ©sus, et par le fait que la femme est prĂ©sentĂ©e comme infĂ©rieure Ă lâhomme auquel elle doit ĂȘtre soumise. TrĂšs vite, PrĂ©vert dĂ©cĂšle une tentative de tromperie et dâassujettissement. Enfin, il considĂšre cette histoire comme la banale histoire dâune famille qui ne dĂ©fend que ses intĂ©rĂȘts et ne revĂȘt de fait pas un grand intĂ©rĂȘt. En regard, il trouve les histoires mythologiques bien plus justes et exaltantes, avec de si belles dĂ©esses ! Ses rĂ©parties en la matiĂšre lui valent dâĂȘtre souvent mis Ă la porte des cours. Le texte Pater noster » Paroles, 1946 demeure sans doute son travestissement satirique le plus cĂ©lĂšbre. AprĂšs le titre en latin quâil donne au poĂšme, PrĂ©vert reprend tel quel le premier vers de la priĂšre que JĂ©sus enseigna Ă ses disciples, Notre-PĂšre qui ĂȘtes aux cieux ». Seulement, dĂšs le vers 2, blasphĂšme absolu, la réécriture dĂ©bute par un claquant Restez-y ». Puis la priĂšre est alors revue et corrigĂ©e. Un autre Ă©lĂ©ment de crispation est lâantimilitarisme. LâarmĂ©e est une cible privilĂ©giĂ©e de PrĂ©vert. NĂ© en 1900, lâauteur vit les deux Guerres mondiales. Il est trop jeune pour faire la PremiĂšre, mais en 1917, il voit des soldats en permission chantent LâInternationale et Ă Craonne sur le plateau â cette derniĂšre est interdite car violemment opposĂ©e Ă la guerre Adieu la vie, adieu lâamour, adieu toutes les femmes ! Câest bien fini, câest pour toujours. De cette guerre infĂąme, câest Ă Craonne, sur le plateau, quâon doit laisser sa peau, car nous sommes tous condamnĂ©s. Nous sommes les sacrifiĂ©s », tel est son refrain. PrĂ©vert assiste Ă leur passage Ă tabac par la police. Il proteste. Il est embarquĂ© par les policiers. Ceux-ci lui glissent une lame de rasoir dans la poche. Une dĂ©position tout prĂȘte lui est tendue. Il proteste Ă nouveau. Il est malmenĂ©. Il est amochĂ©. En 1918, il passe devant le Conseil de RĂ©vision. En juin 1940, PrĂ©vert quitte Paris pour la zone libre. Il est rĂ©formĂ© â comme goitreux, atteint par surcroĂźt de sĂ©nilitĂ© prĂ©coce » selon Marcel Duhamel dans son autobiographie Raconte pas ta vie Mercure de France, 1972 â aprĂšs avoir tenu volontairement des propos saugrenus et adoptĂ© un comportement intriguant. PrĂ©vert refuse avec vĂ©hĂ©mence le combat, le port dâarmes, la torture, les bombes, les fusillades et les exĂ©cutions. Pensons au cĂ©lĂšbre vers de Barbara » Paroles, 1946, Quelle connerie la guerre ». Ce texte probablement Ă©crit fin 1944 donna lieu Ă une chanson, initialement interdite Ă la radio. Nouvel Ă©lĂ©ment de crispation encore la dĂ©fiance de PrĂ©vert Ă lâĂ©gard des intellectuels et des journalistes. Lâauteur nous invite en effet Ă nous mĂ©fier de ceux qui croient monopoliser le savoir dans des textes comme Il ne faut pas » Paroles, 1946 ou La Tour » Spectacle, 1951. Quant Ă Tentative de description dâun dĂźner de tĂȘtes Ă Paris-France » Paroles, 1946, câest un pamphlet contre le journalisme et le conformisme social, appelant Ă ne pas se fier aux apparences et Ă ne pas croire ceux qui portent des masques. Avec sa premiĂšre piĂšce pour la troupe de théùtre le groupe Octobre Ă©crite en 1932, Vive la presse, PrĂ©vert sâen prenait dĂ©jĂ violemment Ă la presse accusĂ©e de lĂąchetĂ© et de mensonges. Avec ces quelques Ă©lĂ©ments, le ton est donnĂ©. Ajoutons que PrĂ©vert Ă©chappe aussi Ă toute classification et ne sâinsĂšre dans aucune taxinomie poĂ©tique. En effet, ses ouvrages prennent des formes variĂ©es. Outre les recueils de textes, il y a aussi, de maniĂšre plus hĂ©tĂ©roclite, des livres qui associent textes et dessins avec Elsa Henriquez ou encore AndrĂ© François, textes et photographies avec Ylla, Izis, et AndrĂ© Villers notamment, textes et compositions Marc Chagall et Joan MirĂł par exemple, textes et lithographies Max Ernst, textes et gravures Georges Ribemont-Dessaignes, textes et dĂ©coupages Pablo Picasso, etc. Ce caractĂšre protĂ©iforme Ă©branle les structures fondamentales des arts traditionnels et se dĂ©cline aussi avec un mĂ©lange de textes et de collages dont PrĂ©vert est lâauteur Fatras 1966 et Imaginaires 1970. De plus, au sein mĂȘme de ces ouvrages se mĂȘlent des genres Ă©clectiques puisque lâon trouve aussi bien des textes courts que des chansons, des histoires, des instantanĂ©s et des inventaires. Quant Ă la rĂ©ception de PrĂ©vert aprĂšs sa mort, il faudrait lâĂ©tudier avec prĂ©cision, mais il ne me semble pas finalement que les choses aient tellement changĂ©. Une exception de taille cependant son insertion dans les manuels scolaires des Ă©coliers. Câest une belle initiative, mĂȘme sâil est regrettable quâelle ne concerne que les trĂšs jeunes Ă©lĂšves⊠Cette date anniversaire nâest-elle pas lâoccasion dâune réévaluation bienvenue ? Car, outre les nombreuses publications et rencontres partout en France, il y aura Ă©galement cet Ă©tĂ© un colloque Ă Cerisy attendu qui permettra sans doute de remettre quelques pendules Ă lâheure. Quelle sera lâidĂ©e de ce rendez-vous ? Depuis une vingtaine dâannĂ©es, ma recherche scientifique est motivĂ©e par une entreprise de rĂ©habilitation qui permette de réévaluer lâĆuvre protĂ©iforme de PrĂ©vert. JâespĂšre y ĂȘtre en partie parvenue. Contre vents et marĂ©es, en essayant de conserver ma libertĂ© dâexpression malgrĂ© les obstacles dressĂ©s sur mon chemin⊠et pour le montage de ce colloque, qui a nĂ©cessitĂ© deux ans de prĂ©paration, il y en eut beaucoup ! Quarante ans aprĂšs la disparition de Jacques PrĂ©vert, le colloque de Cerisy est une manifestation internationale que nous nous devions absolument dâoffrir enfin en hommage Ă Jacques PrĂ©vert. Je mâexplique. Depuis 1952, le Centre culturel international de Cerisy-la-Salle est un lieu de rencontres capital oĂč se dĂ©roulent les fameux Colloques de Cerisy », qui permettent de dĂ©battre de sujets artistiques, littĂ©raires, philosophiques, politiques et sociaux. Depuis 65 ans, plus de 500 colloques qui ont fait date ont Ă©tĂ© organisĂ©s. Or, aucun colloque PrĂ©vert ne sây est jamais tenu ! Cerisy est pourtant situĂ© dans la Manche, dĂ©partement normand oĂč PrĂ©vert a fini ses jours, oĂč il est enterrĂ© et oĂč se visite sa maison, situĂ©e dans le village dâOmonville-la-Petite. Comment alors expliquer une telle aberration ? Les raisons sont multiples lâindiffĂ©rence de bon nombre de chercheurs vis-Ă -vis de son Ćuvre et donc lâabsence dâinitiative pour proposer une manifestation scientifique ; les tensions entre le dĂ©partement et la succession Jacques PrĂ©vert, spĂ©cifiquement depuis lâinstallation de la statue de PrĂ©vert et Trauner dans le parc dâOmonville ; le coĂ»t des droits Ă acquitter pour donner Ă entendre et Ă lire PrĂ©vert ; les pressions pour contrĂŽler ce qui sâĂ©crit sur lâĆuvre et la vie de lâartiste⊠Lâinitiative est donc venue cette fois directement du Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, qui mâa demandĂ© dâĂ©laborer un programme scientifique pour renouveler le regard portĂ© sur PrĂ©vert en cette annĂ©e commĂ©morative. Jâaurai le plaisir de le codiriger avec Marianne Simon-Oikawa, de lâuniversitĂ© de Tokyo. MalgrĂ© le contexte difficile dont je viens de parler, nous avons rĂ©uni une Ă©quipe de chercheurs motivĂ©s, et dĂ©fini un programme Ă la fois indĂ©pendant et le plus complet possible. Il convient ici de saluer lâĂ©coute, lâadhĂ©sion sans faille de la directrice de Cerisy, Ădith Heurgon, qui a Ă©tĂ© convaincue par notre projet et sâest battue pour la tenue de cet Ă©vĂ©nement. Quâelle en soit ici trĂšs chaleureusement remerciĂ©e ! Ainsi, le colloque international Jacques PrĂ©vert, dĂ©tonations poĂ©tiques » se tiendra Ă Cerisy du 11 au 18 aoĂ»t 2017. PrĂ©cision de taille câest avec une joie immense que Marianne et moi avons reçu le soutien de la Mission des commĂ©morations nationales pour la publication des Actes ! Vous lâavez compris, ce colloque sera lâoccasion de redĂ©couvrir PrĂ©vert, de le donner Ă lire autrement, dâune maniĂšre plus complĂšte et plus juste. En tĂȘte des classements des poĂštes prĂ©fĂ©rĂ©s des Français, en tĂȘte des traductions et des ventes avec son recueil de poĂšmes Paroles, en tĂȘte des scĂ©naristes qui ont marquĂ© le cinĂ©ma français, et dans la tĂȘte des enfants qui apprennent ses textes dĂšs les petites classes, la poĂ©sie de Jacques PrĂ©vert est familiĂšre aujourdâhui comme hier aux petits et aux grands. Cependant, malgrĂ© son immense popularitĂ©, il reste mĂ©connu. Un profond dĂ©calage existe entre son Ćuvre rĂ©elle et lâimage que la postĂ©ritĂ© en garde. La diversitĂ© de ses crĂ©ations nâest prĂ©sentĂ©e que de maniĂšre partielle. La perception actuelle quâen a le public est Ă©galement erronĂ©e. Ă cĂŽtĂ© de textes doux et rĂȘveurs figure en effet, et mĂȘme majoritairement, une poĂ©sie-action. Mais trop atypiques et trop dĂ©rangeantes, les productions prĂ©vertiennes ont Ă©tĂ© Ă©dulcorĂ©es. FidĂšle toute sa vie Ă ses convictions, lâartiste a créé une Ćuvre rebelle et virulente, anticlĂ©ricale et antimilitariste, crue et corrosive, vivante et roborative, dâune actualitĂ© encore Ă©tonnamment criante. Elle rĂ©sonne fortement dans le monde qui est Ă prĂ©sent le nĂŽtre, et contribue Ă lâĂ©clairer. Participeront Ă ce colloque des chercheurs du monde entier, universitaires universitĂ© dâArras, Ăcole nationale Louis LumiĂšre, universitĂ© de Tokyo, universitĂ© Doshosha, universitĂ© Paris-Est Marne-la-VallĂ©e, universitĂ© de Nantes, universitĂ© Paris 8 â Saint-Denis, universitĂ© Paris 3 â Sorbonne nouvelle, Ăcole dâart marocaine de Casablanca⊠ou institutionnels BibliothĂšque Kandinsky du Centre Pompidou, BibliothĂšque nationale de France, BibliothĂšque Centre national du cinĂ©ma et de lâimage animĂ©e.... Les diffĂ©rentes facettes de lâĆuvre de PrĂ©vert seront ainsi apprĂ©hendĂ©es au fil de la semaine cinĂ©ma dâanimation, cinĂ©ma visible et invisible, cinĂ©ma documentaire, théùtre, tracts et manifestes politiques, collage dâimages et de mots, poĂ©sie, chanson, livres avec les peintres et les photographes⊠En plus de ces communications, le 13 aoĂ»t en soirĂ©e sera projetĂ©e Un oiseau rare, dĂ©lectable comĂ©die rĂ©alisĂ©e par Richard Pottier en 1936. Pour cette projection, nous serons rejoints par les participants du colloque Psychanalyse et cinĂ©ma du visible et du dicible » coorganisĂ© par Chantal Clouard et Myriam Leibovici, ce qui donnera lieu, sans nul doute, Ă des Ă©changes trĂšs fructueux ! Le 14 aoĂ»t une journĂ©e dâescapade mĂšnera intervenants et auditeurs Ă Omonville-la-Petite, oĂč nous serons accueillis Ă la Maison Jacques PrĂ©vert par Fanny Kempa, responsable de la demeure de lâartiste. Et le 15 aoĂ»t seront donnĂ©s Ă entendre les mots de PrĂ©vert par les comĂ©diens Philippe MĂŒller et Vincent Vernillat de la compagnie Le grain de sable. Le programme complet est disponible ici. Rejoignez-nous nombreux pour commĂ©morer joyeusement PrĂ©vert en Normandie, cette rĂ©gion quâil a tant apprĂ©ciĂ©e ! En lisant votre biographie intellectuelle de PrĂ©vert, on constate deux choses dâabord la parfaite discrĂ©tion de lâhomme sur sa propre vie ; ensuite que lâartiste PrĂ©vert est au milieu de toutes les grandes aventures artistiques de son temps, quâil sâagisse de littĂ©rature, de cinĂ©ma, des arts plastiques, ou de la chanson. Il est un interlocuteur, pris au sĂ©rieux aussi bien par Breton que Picasso, ou Ăluard, Montand, Renoir ou CarnĂ©, GrĂ©co ou Gabin. PrĂ©vert semble ĂȘtre au cĆur de tout. Pourtant sa place nâest jamais centrale. En effet, PrĂ©vert nâaimait guĂšre se livrer sur sa propre existence, ni sur son Ćuvre dâailleurs, dĂ©clarant frĂ©quemment Raconte pas ta vie ». En effet Ă©galement, PrĂ©vert est de toutes les grandes aventures de son temps. Par exemple, il participe au surrĂ©alisme de 1924 Ă 1930, annĂ©e dâoĂč il sâen exclut en signant le cĂ©lĂšbre pamphlet Mort dâun monsieur » contre AndrĂ© Breton dans Un Cadavre. DĂšs 1924, le 54 rue du ChĂąteau, la demeure de PrĂ©vert et de ses amis situĂ©e dans le XIVe arrondissement de Paris, devient mĂȘme lâun des centres nĂ©vralgiques du mouvement. Breton dĂ©clara dâailleurs que lĂ se trouvait le vĂ©ritable alambic de lâhumour au sens surrĂ©aliste » Entretiens 1913-1952. Autre exemple, PrĂ©vert participe activement au cinĂ©ma français, par lâĂ©criture de plus de cent scĂ©narios, dont la majoritĂ© a Ă©tĂ© fort heureusement tournĂ©e Lâaffaire est dans le sac Pierre PrĂ©vert, 1932, Le Crime de monsieur Lange Jean Renoir, 1936, DrĂŽle de drame Marcel CarnĂ©, 1937, Le Quai des brumes MC, 1938, Le jour se lĂšve MC, 1938, Remorques Jean GrĂ©millon, 1941, Les Visiteurs du soir MC, 1942, Adieu⊠LĂ©onard ! Pierre PrĂ©vert, 1943, Les Enfants du paradis MC, 1945, Notre-Dame de Paris Jean Delannoy, 1956, Le Roi et lâOiseau Paul Grimault, 1980⊠Je mâarrĂȘte lĂ , je pense que la mĂ©moire de tous est ainsi rafraĂźchie. Le scĂ©nariste Jean Aurenche dĂ©clara alors quâ un jour le cinĂ©ma sâest mis Ă parler PrĂ©vert » citĂ© par Didier Decoin dans Les Nouvelles LittĂ©raires, 1975. Autre exemple encore, PrĂ©vert a Ă©crit des textes dont les interprĂštes et les compositeurs se sont emparĂ©s. Saint-Germain-des-PrĂ©s sâest alors mis Ă chanter ses mots, et lâonde sâest propagĂ©e au-delĂ de lâhexagone ! Et PrĂ©vert est lâami des peintres et des photographes, de Picasso Ă MirĂł en passant par Doisneau ou encore Izis. Il Ă©crit avec eux, pour eux, collabore aussi Ă des livres avec eux. Les dĂ©clinaisons sont multiples. Bref, PrĂ©vert est bien au milieu de tout. Il est un pyrogĂšne qui met le feu aux poudres crĂ©atrices. Il donne. Il transmet. Il soutient. Il permet. Sans compter. Sans imposer. Sans rien demander en retour. Et souvent dans lâombre. Parmi les Ă©lĂ©ments qui resurgissent dans votre biographie, câest la participation de PrĂ©vert au groupe Octobre. Pouvez-vous nous rappeler ce quâĂ©tait Octobre et la place de PrĂ©vert ? Au dĂ©part se trouve la troupe de théùtre PrĂ©mices. ConstituĂ©e de comĂ©diens amateurs enseignants, employĂ©s et ouvriers et de professionnels, elle se produit dans des fĂȘtes syndicales, dans des piĂšces dâintellectuels communistes comme Paul Vaillant-Couturier et LĂ©on Moussinac, mais aussi de Prosper MĂ©rimĂ©e ou dâOctave Mirbeau. En 1932, PrĂ©mices se divise en deux mouvements. Dâun cĂŽtĂ©, Roger Legris prend la direction dâune Ă©quipe, avec Gaston Baty et Georges Vitray, et donne des piĂšces formellement trĂšs travaillĂ©es. De lâautre cĂŽtĂ©, Lazare Fuchsmann, Guy Decomble, Raymond BussiĂšres et Suzanne Montel, avec le soutien de Vaillant-Couturier et Moussinac, forment un groupe de théùtre davantage basĂ© sur la spontanĂ©itĂ©, auquel ils donnent le nom de Groupe de choc PrĂ©mices. Ces troupes appartiennent Ă la FĂ©dĂ©ration du théùtre ouvrier de France. LâannĂ©e de cette sĂ©paration, PrĂ©vert et Jean-Paul Dreyfus - Le Chanois se rendent frĂ©quemment Ă des meetings dans lesquels des groupes de cette fĂ©dĂ©ration se produisent. Ă lâAssociation des Ă©crivains et artistes rĂ©volutionnaires, ils rencontrent Vaillant-Couturier et Moussinac. BussiĂšres, alors fonctionnaire Ă lâHĂŽtel de Ville de Paris, cherche des textes nouveaux. Sur les conseils de Vaillant-Couturier, il contacte PrĂ©vert. La rencontre est insolite. Elle a lieu chez Jacques, rue Dauphine dans le VIe arrondissement. PrĂ©vert est encore bouleversĂ© par le suicide de son ami lâacteur Pierre Batcheff. PrĂ©vert Ă©crit alors Vive la presse, que nous avons dĂ©jĂ Ă©voquĂ©, qui dĂ©nonce le capitalisme et la malhonnĂȘtetĂ© de ceux qui ont le pouvoir, et attaque avec virulence la presse, accusĂ©e de mensonges. PrĂ©vert Ă la plume, Lou Bonin - Tchimoukow Ă la mise en scĂšne Lou Bonin, dit Lou Tchimoukow, pour que son nom fasse plus soviĂ©tique, Arlette Besset, Jean BrĂ©maud, Jacques-Bernard Brunius, Raymond BussiĂšres, Guy Decomble, Lou FĂ©lix, Virginia GrĂ©gory, Paul Grimault, Ida Lods, Lazare et Jeanne Fuchsmann, Jean LoubĂšs, Suzanne Montel, GisĂšle Fruhtman future femme de Pierre PrĂ©vert et Zoula Ă lâinterprĂ©tation. La premiĂšre a lieu en mai 1932. Câest un succĂšs. Cette piĂšce marque le dĂ©but de la participation de PrĂ©vert Ă cette troupe qui deviendra, sur la suggestion de Lou Bonin - Tchimoukow et en souvenir de la rĂ©volution russe dâoctobre 1917, le groupe Octobre. Ce groupe, câest le théùtre de lâagit-prop, câest-Ă -dire de lâagitation-propagande. La troupe se produit dans la rue, dans les cafĂ©s, dans les usines en grĂšve et dans des soirĂ©es théùtrales. Elle donne des chĆurs parlĂ©s, des piĂšces, des saynĂštes et des sketches, qui sont constamment en rapport avec lâactualitĂ© politique, auprĂšs dâun public populaire qui participe et donne force aux mots. Elle agit dans lâurgence les textes sont souvent Ă©crits et rĂ©pĂ©tĂ©s durant la nuit pour le lendemain. PrĂ©vert se rĂ©vĂšle et excelle dans cet exercice. La mĂȘme annĂ©e, le groupe Octobre fait parler de lui avec une autre manifestation. Au cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise se trouve le mur des FĂ©dĂ©rĂ©s, contre lequel 147 communards furent exĂ©cutĂ©s en mai1871 par les Versaillais, aprĂšs la chute du gouvernement insurrectionnel. La troupe sây produit, en hommage aux fusillĂ©s. Puis PrĂ©vert livre deux textes dâactualitĂ© qui ont considĂ©rablement marquĂ© les membres du groupe Octobre LâAvĂšnement dâHitler et CitroĂ«n. Parvenu au pouvoir en janvier 1933, Hitler apparaĂźt tout de suite comme dangereux aux yeux de PrĂ©vert, ce qui lâincite Ă aborder lâĂ©vĂ©nement dans un chĆur parlĂ© jouĂ© par la troupe. En avril de la mĂȘme annĂ©e, CitroĂ«n fait de la tour Eiffel un gigantesque panneau publicitaire lumineux. Or, les ouvriers de lâentreprise automobile sont en grĂšve et manifestent. Autre moment fort La Bataille de Fontenoy. Ăcrite en octobre 1932 et prĂ©sentĂ©e dĂ©but 1933 au deuxiĂšme congrĂšs de la FĂ©dĂ©ration du Théùtre ouvrier, cette piĂšce sâoppose violemment Ă la guerre. Du 24 au 30 mai 1933 a lieu Ă Moscou lâOlympiade internationale du Théùtre RĂ©volutionnaire. Câest avec La Bataille de Fontenoy, prĂ©cĂ©dĂ© dâActualitĂ©s, que le groupe Octobre y participe. La troupe part de Londres sur un cargo soviĂ©tique. Du 18 au 23 mai, elle est Ă LĂ©ningrad. Sont notamment du voyage Yves AllĂ©gret, Arlette Besset, Jacques-AndrĂ© Boiffard, Jean BrĂ©maud, Lou Bonin/Tchimoukow, Raymond BussiĂšres, Jean-Paul Dreyfus - Le Chanois, Marcel Duhamel, GisĂšle Fruhtman, Jean LoubĂšs, Suzanne Montel, LĂ©on Moussinac et LĂ©o Sabas. Sur le bateau, lâenthousiasme est dĂ©bordant et les rĂ©pĂ©titions vont bon train. Dreyfus - Le Chanois envoie des lettres et tient un journal qui tĂ©moigne de lâambiance qui rĂšgne Ă bord. LâOlympiade se dĂ©roule Ă merveille et La Pravda Ă©crit dans ses colonnes que le groupe Octobre a donnĂ© une revue-montage, extrĂȘmement intĂ©ressante, intitulĂ©e La Bataille de Fontenoy. LâintĂ©rĂȘt particulier de cette revue consiste en ce que tout le texte est composĂ© de coupures de journaux, de discours parlementaires, dâaphorismes sur les dirigeants politiques, etc. ». La prestation du groupe est remarquĂ©e, tout comme sa sortie, trĂšs risquĂ©e le dernier jour, certains membres, dont PrĂ©vert, refusent de signer un texte qui fait lâĂ©loge de Staline. De retour Ă Paris, le groupe Octobre est en pleine gloire et poursuit vaillamment ses activitĂ©s jusquâen 1936. Il est rejoint par Fabien Loris, Yves Deniaud, Sylvain Itkine, les frĂšres Marc lâun dâeux deviendra le chanteur Francis Lemarque et Maurice Baquet. PrĂ©vert est extrĂȘmement actif et produit de nombreuses piĂšces. Fin 1935, il Ă©crit Le Tableau des Merveilles, une adaptation de CervantĂšs. Il a conservĂ© les deux saltimbanques, Chanfalla et Chirinos, qui arrivent dans une ville espagnole pour prĂ©senter aux notables ce quâils nomment le tableau des merveilles », spectacle que seuls ceux qui possĂšdent certaines qualitĂ©s peuvent voir⊠La mise en scĂšne est de Jean-Louis Barrault et les rĂ©pĂ©titions se dĂ©roulent Ă Paris, dans son grenier du 7, rue des Grands-Augustins, Ă lâendroit mĂȘme oĂč Picasso peindra Guernica quelques mois plus tard. Ă la Maison de la Culture de la rue dâAnjou, dans le VIIIe arrondissement, la piĂšce est jouĂ©e pour la premiĂšre fois en janvier 1936. Elle accompagne des spectacles dâautres troupes de la FĂ©dĂ©ration du théùtre ouvrier de France et une conversation sur le théùtre entre Louis Aragon et Bernard. Le groupe Octobre participe aussi Ă des fĂȘtes et kermesses qui font grand bruit. En juin 1935, câest la fĂȘte bretonne de Saint-Cyr lâĂcole. La troupe y reprĂ©sente Suivez le druide, revue bretonne en six tableaux. Elle anime la fĂȘte par un dĂ©filĂ© antimilitariste et anticlĂ©rical qui fait scandale ; PrĂ©vert est dĂ©guisĂ© en abbĂ©. Le groupe Octobre rĂ©cidive Ă Villejuif, en juillet 1935 Ă la kermesse bretonne et auvergnate et en juin 1936 lors de la kermesse municipale. En juillet 1936, la troupe se dissout. Si jâai Ă©tĂ© un peu longue sur le sujet, câest parce que le groupe Octobre est une aventure capitale pour PrĂ©vert. Il ne faut pas la sous-estimer. Il apprend Ă Ă©crire beaucoup et vite avec le groupe Octobre, entre 1932 et 1936. Et il ne sâarrĂȘtera plus ! Si Paroles occupe une place dĂ©terminante dans lâĆuvre de PrĂ©vert, parce quâil sâagit dâune Ćuvre emblĂ©matique, câest peut-ĂȘtre lâarbre qui cache la forĂȘt, dâabord parce quâil y a dâautres textes de PrĂ©vert⊠Tout Ă fait ! Lâheureux succĂšs de Paroles a eu aussi comme consĂ©quence de faire de lâombre, avec le temps, aux autres recueils de PrĂ©vert. Câest pourquoi, dans mon entreprise de prĂ©vertisation rires, jâinvite toujours Ă lire dâautres ouvrages du poĂšte. Une prĂ©cision au passage jâutilise volontairement le terme poĂšte », aprĂšs lâavoir Ă©vitĂ© pendant un certain nombre dâannĂ©es. Pourquoi ? Si PrĂ©vert prĂ©tend ne pas savoir ce quâest la poĂ©sie et ne pas avoir de carte de visite estampillĂ©e poĂšte, il est pourtant incontestablement un poĂšte. Je mâexplique. Il me semble en effet quâavec ce mot, PrĂ©vert rejetait surtout, dâune part le permanent Ă©tiquetage quâimpose la sociĂ©tĂ©, et dâautre part le sens prĂ©tentieux et Ă©litiste quâelle colle souvent Ă ce vocable, le dĂ©naturant alors. PrĂ©vert est un poĂšte dans lâacception que Guillaume Apollinaire lui attribue dans sa confĂ©rence LâEsprit nouveau et les poĂštes » quâil donne au Vieux-Colombier le 26 novembre 1917 celui qui dĂ©couvre de nouvelles joies, fussent-elles pĂ©nibles Ă supporter », ajoutant que lâ on peut ĂȘtre poĂšte dans tous les domaines il suffit que lâon soit aventureux et que lâon aille Ă la dĂ©couverte ». Les autres textes donc. Pour les recueils de textes, je renvoie les lecteurs Ă Histoires 1946, Spectacle 1951, La Pluie et le Beau Temps 1955 ou encore Choses et autres 1972. Pour les livres contenant textes et collages, lisez Fatras 1966 Imaginaires 1970. Quant aux ouvrages contenant textes et photographies, ceux avec Ylla sont moins connus mais pourtant absolument dĂ©licieux Le Petit Lion 1947 et Des BĂȘtes⊠1950. Pour les livres avec les peintres, je conseille fortement Diurnes 1962, avec des dĂ©coupages de Pablo Picasso, des interprĂ©tations photographiques dâAndrĂ© Villers et des textes de PrĂ©vert. Avec des gravures de Georges Ribemont-Dessaignes, Arbres 1967 est une petite merveille, qui sâadresse aux arbres, puis aux hommes Pour les livres pour la jeunesse, ouvrez Contes pour enfants pas sages 1947 avec des dessins dâElsa Henriquez ou encore Lettres des Ăźles Baladar 1952, avec des illustrations dâAndrĂ© François, une fable qui a pour thĂšme la colonisation et revĂȘt la forme dâun pamphlet anticolonialiste. Lâinventaire est Ă©videmment loin dâĂȘtre exhaustif, mais il montre en effet, pour reprendre votre image, que Paroles est lâarbre qui cache la forĂȘt. Alors, entrez dans la forĂȘt ! Vous avez dĂ©sormais quelques pistes⊠âŠarbre qui cache la forĂȘt, ensuite parce que PrĂ©vert Ă©galement quelquâun qui aura Ă©normĂ©ment Ă©crit pour le cinĂ©ma. Vos rĂ©centes publications Jacques PrĂ©vert. Une vie , mais aussi en poche les scĂ©narios Ă©crits par PrĂ©vert, et surtout lâĂ©tude PrĂ©vert et le cinĂ©ma montrent une autre facette de lâauteur PrĂ©vert. Certes, PrĂ©vert est lâauteur de quelques scĂ©narios et dialogues cĂ©lĂšbres du cinĂ©ma, mais il est Ă©galement lâauteur de trĂšs nombreux scĂ©narios inĂ©dits ou inconnus. Dans PrĂ©vert et le cinĂ©ma vous appelez cette production le cinĂ©ma de papier ». Cela aussi semble avoir Ă©tĂ© oubliĂ©. PrĂ©vert Ă©tait un travailleur du monde du cinĂ©ma particuliĂšrement prolixe, mais sans compromis. Les films rĂ©alisĂ©s Ă partir de scĂ©narios de Jacques PrĂ©vert sont nombreux. Nous en avons dĂ©jĂ mentionnĂ© un certain nombre. Pourtant, cette filmographie dĂ©jĂ copieuse aurait dĂ» lâĂȘtre plus encore, nous lâavons dĂ©jĂ indiquĂ© Ă©galement. Au cours dâune vingtaine dâannĂ©es de recherches sur le sujet, jâai dĂ©couvert plusieurs dizaines de scĂ©narios inĂ©dits, dans des fonds dâarchives publiques parfois, dans des archives privĂ©es le plus souvent. Des tout premiers cinĂ©-textes de jeunesse, comme Le Pont Mirabeau ou Le Bateau Mouche Pirate, Ă des synopsis plus dĂ©veloppĂ©s de lâĂąge mĂ»r comme La nuit tombe sur le chĂąteau ou La Fortune des Rougon, en passant par des synopsis succincts dâune Ă quelques pages seulement comme Pour ses beaux yeux ou Guichet 14. Le fruit de mes recherches a donnĂ© lieu Ă une longue filmographie commentĂ©e et enrichie mois aprĂšs mois, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, dont la derniĂšre version Ă©ditĂ©e figure dans PrĂ©vert et le cinĂ©ma Les Nouvelles Ă©ditions Place, 2017. Dâautre part, jâai proposĂ© des Ă©tudes de certains cas, de Baleydier Ă Taxi de minuit en passant par Bulles de savon Les Nouvelles Ă©ditions Place, 2012 ou encore La Fleur de lâĂąge Gallimard, 2013. Enfin, en ce quarantenaire de la disparition de PrĂ©vert, trois scĂ©narios inĂ©dits sont parus en Folio, prĂ©cĂ©dĂ©s Ă chaque fois de deux pages de prĂ©sentation Le Grand Matinal, Au Diable vert, La Lanterne magique. Au vu de lâampleur des recherches menĂ©es, et du nombre de dĂ©couvertes, une Ă©dition scientifique annotĂ©e, proposant des variantes et des analyses convoquant aussi bien les outils des Ă©tudes cinĂ©matographiques, historiques, littĂ©raires et gĂ©nĂ©tiques serait Ă©videmment pertinente et indispensable⊠Mais câest un projet ambitieux, qui fait hĂ©siter les Ă©diteurs. Pour commencer, jâai donc proposĂ© une synthĂšse succincte de cet ensemble dans mon dernier essai sur le cinĂ©ma de Jacques PrĂ©vert, dans le chapitre intitulĂ© en effet le cinĂ©ma de papier ». Et le colloque international de Cerisy sera pour moi lâoccasion de communiquer encore sur dâautres aspects de ce cinĂ©ma invisible. PrĂ©cisons que si Jacques PrĂ©vert compte bon nombre de projets avortĂ©s dans sa filmographie, il nâest pas le seul dans ce cas. Câest pourquoi je dirige aux Nouvelles Ă©ditions Place, un nouveau volume de lâAnthologie du cinĂ©ma invisible. Cent auteurs prĂ©senteront cent scĂ©narios inĂ©dits dâĂ©crivains, de poĂštes, de plasticiens, de photographes, de rĂ©alisateurs de toute Ă©poque et de toute nationalitĂ©. Une folle aventure, soutenue par le CNC ! Quand on apprend que PrĂ©vert a eu un projet dâadaptation de Mary Poppins , on se met Ă rĂȘver. En Ă©largissant le propos, quelle est la rĂ©ception de PrĂ©vert Ă lâĂ©tranger ? Est-il ou serait un auteur plus lu ou reconnu quâen France ? Oh que je vous comprends ! En 1938 en effet, Jacques PrĂ©vert a le projet dâĂ©crire une adaptation de Mary Poppins de Pamela L. Travers pour son frĂšre Pierre. Paru quatre ans plus tĂŽt, ce roman basĂ© sur le personnage de la gouvernante-magicienne est dĂ©coupĂ© en chapitres qui sont autant de nouvelles aventures un goĂ»ter pris au plafond, une vache rouge qui danse, des enfants qui comprennent le langage des oiseaux, un anniversaire cĂ©lĂ©brĂ© dans un zoo oĂč ce sont les humains qui sont enfermĂ©s dans des cages, etc. Ces aventures plurent Ă PrĂ©vert. Mais le projet ne vit pas le jour. Le scĂ©nariste envisagea de le reprendre en 1942 pour Marcel CarnĂ©, sans plus de succĂšs. Quant Ă la rĂ©ception de PrĂ©vert Ă lâĂ©tranger, il conviendrait de se lancer dans une rĂ©elle analyse, ce que je nâai pas fait. Ce que je peux vous dire nâest basĂ© que sur mon expĂ©rience sur des continents variĂ©s, de Tokyo Ă La Havane en passant par Bruxelles, auprĂšs de publics trĂšs divers. PrĂ©vert semble Ă chaque fois connu uniquement pour un ou deux pans de son Ćuvre. Par exemple, les Japonais connaissent surtout Les feuilles mortes » et Le Roi et lâOiseau Paul Grimault, 1980 alors que les Belges maĂźtrisent plus les poĂšmes aux accents fortement surrĂ©alistes. Cet automne, je me rendrai successivement Ă Monaco et Ă Alger pour Ă©voquer PrĂ©vert. PrĂ©vert y est peut-ĂȘtre perçu encore diffĂ©remment⊠Et je trĂ©pigne dĂ©jĂ dâimpatience dâen savoir davantage ! Quand on lit vos livres consacrĂ©s Ă PrĂ©vert, on voit ressurgir des noms et des figures, occultĂ©es par les grandes vedettes, des figures amies de PrĂ©vert, des figures qui ont accompagnĂ©es toute la culture populaire de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, je pense Ă Maurice Baquet, Raymond BussiĂšre, lâami Marcel Duhamel, le frĂšre Pierre⊠PrĂ©vert, câest aussi le rĂ©cit dâune atmosphĂšre, dâune libertĂ© et dâune sĂ©rie dâamitiĂ©s. Votre biographie se termine par un chapitre intitulĂ© Avec les copains ». Oui, lâamitiĂ© est capitale pour PrĂ©vert. Câest dâailleurs pourquoi, aprĂšs lui avoir consacrĂ© le chapitre que vous Ă©voquez, jâai dĂ©cidĂ© de revenir sur le sujet, diffĂ©remment et plus en profondeur, avec un livre au titre on ne peut plus explicite LâAmitiĂ© selon PrĂ©vert Textuel, 2012, rééd. 2016. LâamitiĂ© se noue, ou ne se noue pas dâailleurs, en un clin dâĆil pour PrĂ©vert. Avec lui, lâamitiĂ© naĂźt dâun coup de cĆur, de maniĂšre instinctive, quasiment viscĂ©rale. Et quand PrĂ©vert choisit quelquâun comme copain, il lui est fidĂšle toute sa vie. Ainsi bon nombre de ses rencontres de jeunesse sont restĂ©es Ă ses cĂŽtĂ©s pour la vie. Vous citez Ă juste titre les formidables comĂ©diens Maurice Baquet et Raymond BussiĂšre, rencontrĂ©s avec le groupe Octobre, et Marcel Duhamel dont PrĂ©vert fait la connaissance durant son service militaire. Ils ne se quitteront jamais, jusquâĂ la fin. Lâune des spĂ©cificitĂ©s de lâamitiĂ© prĂ©vertienne est quâelle nâest pas exclusive, et quâelle est mĂȘme en quelque sorte contagieuse, si bien quâexiste cette fameuse bande Ă PrĂ©vert » dont nous avons dĂ©jĂ parlĂ©. De plus, lâamitiĂ© prĂ©vertienne est fructueuse au niveau artistique car les amis se retrouvent souvent dans la crĂ©ation pour des films ou des livres par exemple. Citez tous les copains de PrĂ©vert est impossible, mais dans le cadre de LâAmitiĂ© selon PrĂ©vert, jâai fait le rude choix dâen sĂ©lectionner quinze et de les Ă©clairer Arletty, Maurice Baquet, RenĂ© BertelĂ©, Pierre Brasseur, Henri Crolla, Robert Doisneau, Marcel Duhamel, Jean Gabin, Paul Grimault, Joan MirĂł, Marcel Mouloudji, Pablo Picasso, Simone Signoret et Yves Montand, Alexandre Trauner, Boris Vian⊠sans oublier le frĂšre-ami, Pierre PrĂ©vert. Jacques PrĂ©vert Ă©tait semble-t-il un homme aussi libre que libertaire, autodidacte refusant les cloisons artistiques. Y a-t-il des enfants de PrĂ©vert ? Quelle serait lâinfluence de PrĂ©vert ? On a pu entendre un Serge Gainsbourg se revendiquer dans une chanson de PrĂ©vert, mais aujourdâhui ? La question est difficile⊠Dâune part il faudrait ĂȘtre constamment Ă lâĂ©coute de ces tĂ©moignages dâappartenance. Et dâautre part, les artistes influencĂ©s par Jacques PrĂ©vert ne le revendiquent pas toujours ostensiblement⊠Il y a pourtant un hĂ©ritage, sans doute dâautant plus important quâil est diffus, dans lâair, quâil fait partie de lâinconscient collectif. LibertĂ©, refus des courbettes, attention aux petites gens, tendresse, sincĂ©ritĂ©, solidarité⊠PrĂ©vert, câest aussi une maniĂšre dâaborder la vie et les ĂȘtres. Les enfants de PrĂ©vert sont dispersĂ©s un peu partout. Ă lâĂ©tranger Ă©galement. Jâai encore reçu rĂ©cemment des demandes dâinscription en thĂšse de doctorat dâĂ©tudiants chinois, maghrĂ©bin et brĂ©silien, qui souhaitent le mettre en regard avec dâautres poĂštes de leurs pays respectifs. Sans que nous en mesurions parfois vraiment lâampleur, PrĂ©vert a considĂ©rablement oxygĂ©nĂ© notre vie. Et il a considĂ©rablement contribuĂ© Ă oxygĂ©ner la mienne ! Je continuerai bien entendu Ă vivre avec PrĂ©vert et Ă partager ma passion avec le plus grand nombre mais jâarrĂȘterai fin 2017 de consacrer mes recherches Ă son Ćuvre et Ă sa vie. De nouveaux champs de recherche inexplorĂ©s et passionnants sâoffrent Ă moi, les sollicitations dâayants-droit et les projets sâaccumulent, ma vie de chercheuse se poursuit avec de nouvelles aventures, avec le cinĂ©ma des poĂštes, avec le cinĂ©ma invisible, avec le cinĂ©ma de papier, avec le cinĂ©ma en France de 1908 Ă 1919, avec dâautres magnifiques poĂštes comme Robert Desnos, avec⊠Jâai Ă©tĂ© trĂšs heureuse de travailler si longtemps et intensĂ©ment sur PrĂ©vert, et je suis dĂ©sormais trĂšs heureuse lui dire au-revoir sereinement pour voler vers dâautres contrĂ©es poĂ©tiques et cinĂ©matographiques si accueillantes et roboratives.
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JacquesPrĂ©vert 40 0 On croit que câest facile de ne rien faire du tout au fond câest difficile câest difficile comme tout il faut passer le temps câest tout un travail il faut passer le temps câest un travail de titan Ah! du matin au soir je ne faisais rien rien ah ! quelle drĂŽle de chose du matin au soir du soir au matin je faisais la mĂȘme chosePage d'Ă©criture de PrĂ©vert Le poĂšme de Jacques PrĂ©vert "Page d'Ă©criture" m'a incitĂ© Ă aller jusqu'au bout de la dĂ©marche d'illustration. Je le reproduis aussi ici pour votre plaisir, du moins je le souhaite ! L'animation page d'Ă©criture de PrĂ©vert Bonne animation... Retrouverez-vous le texte au fond de votre mĂ©moire ? PrĂ©vert en gif animĂ©. D'aprĂšs Jacques PrĂ©vert Paroles, 1945. Illustrations et Animation Louis CHATEL. Le texte de "page d'Ă©criture" Si vous ne vous rappelez pas le texte je le reproduit ici pour votre plaisir, du moins l'espĂšre. Page d'Ă©criture Deux et deux quatre quatre et quarte huit huit et huit font seize⊠RĂ©pĂ©tez ! dit le maĂźtre Deux et deux quatre quatre et quatre huit huit et huit font seize. Mais voilĂ lâoiseau lyre qui passe dans le ciel lâenfant le voit lâenfant lâentend lâenfant lâappelle Sauve-moi joue avec moi oiseau ! Alors lâoiseau descend et joue avec lâenfant Deux et deux quatre⊠RĂ©pĂ©tez ! dit le maĂźtre et lâenfant joue lâoiseau joue avec lui⊠Quatre et quatre huit huit et huit font seize et seize et seize quâest-ce quâils font ? Ils ne font rien seize et seize et surtout pas trente-deux de toute façon ils sâen vont. Et lâenfant a cachĂ© lâoiseau dans son pupitre et tous les enfants entendent sa chanson et tous les enfants entendent la musique et huit et huit Ă leur tour sâen vont et quatre et quatre et deux et deux Ă leur tour fichent le camp et un et un ne font ni une ni deux un Ă un sâen vont Ă©galement. Et lâoiseau lyre joue et lâenfant chante et le professeur crie Quand vous aurez fini de faire le pitre Mais tous les autres enfants Ă©coutent la musique et les murs de la classe sâĂ©croulent tranquillement Et les vitres redeviennent sable lâencre redevient eau les pupitres redeviennent arbres la craie redevient falaise le port-plume redevient oiseau. Jacques PrĂ©vert Paroles, 1945 © Editions Gallimard, 1949 La vidĂ©o de "Page d'Ă©criture" Toutes les animations de Louis CHATEL sur PrĂ©vertPour complĂ©ter la lecture vous pouvez aller consulter les autres billets un clic sur l'imageBillet mis Ă jour * par Louis CHATEL le 8/02/2021* il y avait en particulier une erreur de lien vers le gif animĂ©... Spotlight Bienvenus chez Louis CHATEL Soyez les bienvenus sur le blog de Louis CHATEL *, blog gĂ©nĂ©raliste sans ligne Ă©ditoriale, on y trouve de tout selon l'humeur du moment, par exemple des astuces pour PowerPoint , des billets sur le Management , des calculs sur des sujets divers... Le billets les plus consultĂ©s de la semaine BĂąbord ou tribord ? Pour ne pas confondre bĂąbord et tribord , il existe plusieurs moyens mnĂ©motechniques, je ne me rappelle plus du premier qu'on m'avait donnĂ©, c'Ă©tait il y a longtemps. Vous vous sentez l'Ăąme d'un navigateur ? Je vous propose de naviguer sur l'origine de ces termes, ça va en effet constituer le sujet du jour illustrĂ© par Louis CHATEL . C'est arrivĂ© le 21 juin 2003 Quel Ă©vĂšnement en juin 2003 pour justifier un billet sur le blog de Louis CHATEL ? Voire quel est le rapport entre un appareil photo et un paquet de cigarettes ? J'y viens ! Vous avez dit mail ? Quand on parle de mail, le commun des mortels repense Ă cette plĂ©thore de trucs identifiĂ©s non lus dans sa BAL BoĂźte Aux Lettres, acronyme dĂ©diĂ© au monde virtuel, ou plutĂŽt dĂ©matĂ©rialisĂ©, monde oĂč se passent maintenant la majoritĂ© des Ă©changes entre individus. Qui dit mail fait penser souvent Ă l'objectif rĂ©curent " RĂ©duire le nombre de mails ", sujet dĂ©jĂ Ă©voquĂ© dans ces billets on ne rĂ©duit pas le nombre de mails, on supprime les inutiles ! Mais compte tenu du nombre de billets sur le sujet, il est temps de prendre du recul et d'en faire la synthĂšse. Du cumul des mandats Le cumul des mandats revient Ă l'ordre du jour, certains en parlent dans les mĂ©dias, voire sont en train de rĂ©diger une proposition de loi en ce sens, pour des motifs lĂ©gitimes selon eux, bien entendu ! Le sujet mĂ©rite rĂ©flexions, il est temps de partager celles que je dĂ©fends depuis longtemps. La question pour certains dĂ©tracteurs se concentre sur le cumul des indemnitĂ©s, c'est Ă mon sens un autre sujet mĂȘme si c'est plafonnĂ© cette question mĂ©riterait aussi d'ĂȘtre traitĂ©e, mais pas seulement au sens du cumul mais surtout au niveau du montant de ce fameux plafond que vaut un politique dans une dĂ©marche de job grading ?. LĂ je vais essayer de ramener le sujet Ă une question simple de mission, de durĂ©e et de charge de travail. Copain ou ami ? L'amitiĂ© ? En voilĂ une bonne question. Je ne vais pas vous faire une dissertation sur ce sujet passionnant, ce nâest ni le lieu ni le moment, mais je vais quand mĂȘme consacrer un petit article sur le sujet. De la gestion des acronymes Un acronyme est un mot formĂ© des initiales ou des Ă©lĂ©ments initiaux de plusieurs mots, se prononçant comme un mot normal et non pas lettre par lettre. Une abrĂ©viation est le raccourcissement d'un mot ou d'un groupe de mots, reprĂ©sentĂ©s alors par un caractĂšre ou un groupe de caractĂšres issus de ce mot. M. pour Monsieur en est un bon exemple. Le point autre que celui de fin de phrase est souvent l'indice d'une abrĂ©viation⊠Que ce soit un acronyme ou une abrĂ©viation, on peut supposer que celui qui lâutilise dans un Ă©crit en connaĂźt la signification mais quâen est-il pour le lecteur ? CrĂ©ativitĂ© selon Disney Pour rĂ©aliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rĂȘver. Ensuite, rĂ©veillez-vous calmement et allez dâun trait jusquâau bout de votre rĂȘve sans jamais vous laisser dĂ©courager. » â Walt Disney Disney avait une mĂ©thode de crĂ©ativitĂ© bien Ă lui c'est quand mĂȘme lui l'inventeur du story-board !. La mĂ©thode ? A propos de prĂ©sentation Ă distance Le sujet du jour A propos de prĂ©sentation Ă distance ou de la bonne utilisation de la surface de l'Ă©cran d'ordinateur fixe ou portable, voire tablette ou smartphone dans le cas d'une vidĂ©o enregistrĂ©e . Suivre des MOOCs pourquoi faire ? Dans sa version initiale, ce billet commençait par "Avoir une activitĂ© professionnelle normale et une vie sociale bien remplie *, ça laisse peu de temps pour le reste. Alors la question du suivi de MOOCs cours en ligne peut lĂ©gitimement se poser, dâautant plus si ce suivi devient massif. " Depuis ma cessation d'activitĂ© dispense puis retraite, la rĂ©partition des tĂąches a quelque peu Ă©voluĂ©, la pandĂ©mie ayant d'ailleurs quelque peu chamboulĂ© les emplois du temps, mais depuis 2015 il convenait d'actualiser les donnĂ©es lĂ mise Ă jour juillet 2022. Poster un petit com' Poster un commentaire sur un blog n'est plus tellement courant maintenant avec l'explosion des rĂ©seaux sociaux c'est surtout dans ces derniers qu'on va Ă©changer. Pourtant il y 20 ans, c'Ă©tait un mode d'Ă©change dĂ©veloppĂ©, avec l'avĂšnement du les personnes pouvaient enrichir les pages. Plein de sites ont d'ailleurs ajoutĂ© cette possibilitĂ© pour permettre les commentaires Ă leurs articles. Suite Ă un commentaire reçu rĂ©cemment, façon Madeleine de Proust, je suis allĂ© ressortir ce vieux billet de 2006, mis Ă jour en 2007, pour en profiter pour rappeler quelques fonctionnalitĂ©s associĂ©es Ă ces commentaires. NarrĂȘtons pas de chercher Ă avoir des activitĂ©s qui nous plaisent Mettons de la couleur dans notre grisaille Sourions aux petites choses de la vie qui mettent du baume dans nos cĆurs. Et malgrĂ© tout, il nous faut continuer de profiter avec sĂ©rĂ©nitĂ© de ce temps qui nous reste. Essayons d'Ă©liminer les "aprĂšs" â„ Je le fais aprĂšs
Accueil Le MAG Quarante ans dĂ©jĂ que Jacques PrĂ©vert est mort. Le poĂšte, formidablement populaire, est toujours appris Ă lâĂ©cole, son Ćuvre, paradoxalement, mĂ©connue. Une Ćuvre corrosive, rouge », engagĂ©e. Du cĂŽtĂ© des petites gens. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Pour lire la suite de cet article Abonnez-vous Ă partir de 1⏠à notre offre numĂ©rique. Sans engagement de durĂ©e. ESSAYER POUR 1⏠Vous ĂȘtes dĂ©jĂ abonnĂ© ou inscrit ? Se connecter L'info en continu 18h59 Lille Panne du mĂ©tro Ă Lille la ligne 1 trĂšs impactĂ©e jusquâĂ la fin du service 18h49 Tennis Video US Open Caroline Garcia franchit sans trembler le premier tour 18h35 Braderie de Lille Video Trois ans aprĂšs, la vraie Braderie de Lille fait son grand retour 18h34 France Lourde peine pour lâagresseur dâun gĂ©nĂ©raliste de SOS MĂ©decin Ă Mulhouse 18h16 International Mission ArtĂ©mis avant un astronaute, un petit bout dâEurope vers la Lune Toute l'info en continu >